Royaume-Uni : dès l'adolescence, le fléau des agressions au couteau


Royaume-Uni : dès l'adolescence, le fléau des agressions au couteau.

Londres (AFP) - A 15 ans, Elianne Andam a été poignardée à mort sur le chemin du lycée à Londres : une victime de plus des violences à l'arme blanche, un fléau au lourd bilan pour les jeunes au Royaume-Uni.

Après la mort de la jeune fille fin septembre dans l'arrondissement de Croydon, dans le sud de la capitale, un adolescent de 17 ans a été inculpé et sera jugé pour meurtre en avril. Les enquêteurs ont retrouvé chez lui un couteau d'une trentaine de centimètres de long.

Taye Faik, 16 ans, a perdu la vie quelques jours plus tard à Edmonton, dans le nord de Londres. Il est devenu le 14e adolescent à avoir été tué dans une attaque à l'arme blanche dans la capitale depuis le début de l'année.

Leur mort a suscité une vive émotion et mis le gouvernement britannique sous pression pour agir rapidement contre la prolifération de ces lames.

Si la vente d'armes à feu est strictement contrôlée au Royaume-Uni, certains mineurs parviennent à s'équiper d'impressionnants couteaux "zombie", inspirés des films d'horreur et associés à la culture des gangs.

Ces armes à double tranchant, à la lame incurvée et au manche vert fluo peuvent être achetées pour quelques dizaines de livres sur TikTok ou Snapchat, permettant ainsi de contourner les restrictions liées à l'âge sur internet.

Entre 2012 et 2022, le nombre des infractions commises par des mineurs portant une arme blanche a progressé de 19% en Angleterre et au Pays de Galles, contre 8% chez les adultes sur cette même décennie, selon le ministère de la Justice.

"Ce n'est pas seulement un problème d'ordre public, c'est aussi un problème social", estime auprès de l'AFP Patrick Green, le président de la fondation Ben Kinsella, du nom d'un adolescent assassiné à Londres en 2008.

Cette criminalité, "plus présente" que dans d'autres pays européens sans que l'on en connaisse exactement les causes, puise selon lui ses origines dans "la misère sociale, la pauvreté, le manque de mobilité sociale et de soins pour la santé mentale des jeunes".

La mairie de la capitale britannique, aux mains de l'opposition travailliste, met en cause les politiques d'austérité des gouvernements conservateurs au pouvoir depuis 13 ans, qui ont selon elle contribué à "décimer" les services proposés à la jeunesse, entraînant la fermeture de 130 centres londoniens proposant des activités sportives et artistiques.

Elle souligne également que le contexte social s'est détérioré pour les jeunes à cause de la pandémie puis de la hausse du coût de la vie provoquée par l'inflation.

Sous pression pour durcir la législation actuelle, le gouvernement britannique a donc promis fin août d'interdire tous couteaux ou machettes de plus de 20 centimètres, avec des trous dans la lame et des pointes acérées, "conçus pour menacer sans avoir aucune utilité pratique".

Les conservateurs souhaitent également étendre les pouvoirs de la police pour saisir et détruire ces armes et porter de six mois à deux ans la peine de prison maximale pour leur fabrication, leur possession et leur vente, aux mineurs en particulier.

Actuellement en tête des sondages, le Parti travailliste a récemment promis, en cas de victoire aux législatives l'année prochaine, de consacrer 100 millions de livres (115 millions d'euros) à un programme de lutte contre les crimes à l'arme blanche et la "crise" provoquée par les problèmes de santé mentale chez les jeunes.

This article was published Tuesday, 24 October, 2023 by AFP
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Des fleurs déposées sur le lieu où a été poignardée à mort 15 ans, Elianne Andam, à Croydon, au sud de Londres le 28 septembre 2023 © AFP/Archives JUSTIN TALLIS


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