La pratique ancestrale de la transhumance renaît dans les Vosges


La pratique ancestrale de la transhumance renaît dans les Vosges.

Willer-sur-Thur (France) (AFP) - "Je n'aurais jamais monté mes vaches avec une bétaillère" : depuis plus de dix ans, Stéphane Luttringer a fait renaître la transhumance dans le village de Willer-sur-Thur (Haut-Rhin), aux confins des Vosges alsaciennes.

En ce lundi de mai ensoleillé sur le versant alsacien du massif des Vosges, plusieurs dizaines de vaches au pelage marron pour la plupart grimpent à travers la forêt, en n'oubliant pas de s'échapper quelques instants pour aller boire dans un ruisseau en contrebas.

Ce déplacement des bêtes vers les alpages, à proximité des fermes-auberges des Vosges, au mois de mai, avant la désalpe en novembre, est souvent festive.

Amis, familles, locaux et même curieux venus de loin font le déplacement pour découvrir cette tradition, les bergers sont coiffés d'un bonnet de laine noir à pompon et d'une chemise blanche, comme les marcaires de l'époque.

D'autres ressortent parfois les habits d'antan, pour le plaisir des curieux venus redécouvrir cette expérience unique, désormais inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco.

Stéphane Luttringer, dont la famille est propriétaire de la ferme-auberge du Freundstein sur les hauteurs de Willer-sur-Thur depuis les années 1950, pratiquait, depuis 2011, la transhumance en grands groupes, avec "200 à 300 personnes". "C'est de l'émotion, tous ces gens qui nous suivent. Certains venaient parfois de très loin, changeaient de région pour venir".

La transhumance a été inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco en décembre, dans le cadre d'une candidature portée par la France et neuf autres pays européens comme l'Autriche, l'Italie, ou encore la Grèce et la Roumanie.

"Pratique ancestrale, la transhumance découle d'une connaissance approfondie de l'environnement et implique des pratiques sociales et des rituels relatifs aux soins, à l'élevage et au dressage des animaux ainsi qu'à la gestion des ressources nature les", rappelle l'Unesco sur son site internet.

Elle avait disparu au XIXe siècle dans les Vosges, les agriculteurs mettaient en pension leur troupeau chez des marcaires durant l'été pour fabriquer le munster, explique à l'AFP Michel Meyer, un retraité présenté comme "mémoire vivante" de Willer-sur-Thur, venu voir la transhumance dans une ferme-auberge à mi-parcours.

Au-delà de conduire le bétail en altitude, toute une préparation est de mise : dès 09H00 du matin, Stéphane Luttringer devait faire briller les cloches joliment décorées et posées sur les vaches spécialement pour l'occasion. Elles tintent gaiement tout au long du parcours, d'environ 5 kilomètres et 500 mètres de dénivelé positif.

Plusieurs associations, comme celle des sonneurs de cloche des hautes-chaumes, ou encore les joueurs de cor des Alpes, sont aussi souvent de la partie.

This article was published Thursday, 30 May, 2024 by AFP
Article complet réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'article, choisissez un abonnement
4b7b85646a5c16c832d8f26f47ddf349d6c13fe1.jpg

L'éleveur Stéphane Luttringer (à droite) mène ses vaches, le 13 mai 2024 à Willer-sur-Thur, dans le nord-est de la France © AFP Jean-Christophe Verhaegen


Plus d'articles