Emeutes en Nouvelle-Calédonie : le gouvernement local lance un appel au calme


Emeutes en Nouvelle-Calédonie : le gouvernement local lance un appel au calme.

Nouméa (AFP) - Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a lancé mardi un appel à "la raison et au calme" après les émeutes qui ont dévasté Nouméa la veille pendant l'examen, par l'Assemblée nationale à Paris, d'une révision constitutionnelle décriée par les indépendantistes.

"Nous appelons à la responsabilité de tous les Calédoniens, de nos responsables politiques, institutionnels, coutumiers, religieux, associatifs et familiaux. Nous leur demandons d'utiliser toutes les voies et les moyens à leur disposition pour ramener à la raison et au calme", a écrit le gouvernement local dans un communiqué.

"Toutes les raisons des mécontentements, des frustrations et des colères ne sauraient justifier de mettre à mal ou de détruire ce que le pays a pu construire depuis des décennies et d'hypothéquer l'avenir", a-t-il ajouté.

Les pompiers de Nouméa ont dit avoir reçu près de 1.500 appels dans la nuit de lundi à mardi et être intervenus sur environ 200 feux. Selon un regroupement patronal, une trentaine de commerces, d'usines et d'autres entreprises ont été incendiés.

Mardi, les rues de Nouméa et de sa banlieue sont parsemées de carcasses de voitures incendiées et de restes fumants de pneus et de palettes, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Même si la situation est plus calme mardi, de nombreuses barricades restent actives.

Un couvre-feu a été décrété de mardi 18H00 (07H00 GMT) à mercredi 06H00 (19H00 GMT mardi), a annoncé le représentant de l'Etat dans ce territoire. En outre, tout rassemblement est interdit dans le grand Nouméa, de même que le port d'armes et la vente d'alcool dans l'ensemble de la Nouvelle-Calédonie, indique le haut-commissariat qui invite les 270.000 habitants du territoire à rester chez eux.

Le gouvernement calédonien a annoncé la fermeture des lycées et collèges jusqu'à nouvel ordre. L'aéroport international est fermé et la compagnie Aircalin a suspendu ses vols pour la journée de mardi.

Les émeutes ont éclaté lundi en marge d'une manifestation indépendantiste contre le texte examiné par les députés, qui vise à élargir le corps électoral pour les élections provinciales.

Conformément à l'article 77 de la Constitution, le corps électoral de ce scrutin est en effet gelé : il se limite essentiellement aux électeurs inscrits sur les listes lors du référendum d'autodétermination de 1998 et à leurs descendants, excluant de facto les résidents arrivés après 1998 et de nombreux natifs.

Un électeur sur cinq est ainsi privé du droit de vote aux élections provinciales, cruciales dans ce territoire les provinces exercent de nombreuses compétences transférées par l'Etat français.

Pour le ministre français de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin, qui a porté cette réforme constitutionnelle, cette disposition "n'est plus conforme aux principes de la démocratie" et "mène à l'absurde".

Deux camps s'opposent : celui des non-indépendantistes, favorables à la réforme, et celui des indépendantistes qui y voient au contraire un passage en force de l'Etat pour "minoriser encore plus le peuple autochtone kanak", qui représentait 41,2% de la population de l'île lors du recensement de 2019, contre 40,3% dix ans plus tôt.

This article was published Tuesday, 14 May, 2024 by AFP
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Un panache de fumée est visible au loin, alors que des émeutes ont lieu en Nouvelle-Calédonie en écho à une révision constitutionnelle examinée à l'Assemblée nationale, le 14 mai 2024 à Nouméa en Nouvelle-Calédonie © AFP Theo Rouby


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