Aux Philippines, il n'est jamais trop tôt pour un karaoké
Aux Philippines, il n'est jamais trop tôt pour un karaoké.
Manille (AFP) - Au niveau d'un terminus de tuk-tuks très fréquenté de Manille, le chauffeur Edgar Soriano glisse une pièce de monnaie dans une machine et entonne sa chanson préférée en plein milieu de la journée. Il n'est jamais trop tôt – ni trop tard – pour un karaoké aux Philippines.
Des villes aux campagnes, on trouve des machines partout, dans les bars bon marché des villages reculés comme dans les boîtes à karaoké modernes.
De nombreuses familles possèdent la leur ou en louent une pour les fêtes.
Pour seulement cinq pesos (8 centimes d'euros) par chanson, de nombreux habitants de ce pays pauvre s'offrent quelques minutes de bonheur.
Edgar Soriano, 53 ans, sourit en chantant par une chaude après-midi "When I'm Gone" du Britannique Albert Hammond, qu'il semble connaître par cœur.
La machine à karaoké, située dans un petit restaurant, est l'une des six du terminus, mais les conducteurs et les passagers ne semblent pas gênés par la cacophonie des chansons qui sortent des haut-parleurs. "Je chante toujours cette chanson, c'est ma préférée", dit le conducteur de tuk-tuk, vêtu d'un T-shirt à manches longues et d'un pantalon de survêtement.
La machine à karaoké démarre à 8h00 et ne s'arrête qu'à 22h00, voire plus tard, sept jours sur sept.
Felomina Hernane, la propriétaire du restaurant âgée de 52 ans, l'a achetée pour attirer les clients.
Et cela fonctionne : elle lui rapporte jusqu'à 18.000 pesos (300 euros) par mois.
La période la plus chargée pour les vendeurs d'équipements de karaoké s'étale entre novembre et décembre, lorsque les Philippins préparent les fêtes de Noël et du Nouvel An.
Le karaoké a pris son essor aux Philippines dans les années 1980, selon Krina Cayabyab, professeur du département de musique de l'Université des Philippines.
Mais l'amour du pays pour la chanson est profondément enraciné dans son passé colonial, la musique des Espagnols puis des Américains ayant été intégrée à la culture locale.
Ce loisir est l'un des rares divertissements abordables pour de nombreux Philippins, à l'instar d'enfants et des jeunes rassemblés devant un petit magasin d'un quartier difficile de Manille, dont la machine à karaoké est très prisée.
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Un homme chante en karaoké dans une rue de Manille, le 17 octobre 2023 aux Philippines © AFP JAM STA ROSA