Au Yémen, l'école sous une tente, sans manuels ni salles de classe

Si vous ne connaissez pas un mot, surlignez-le avec votre souris et cliquez sur “Translate” pour le traduire dans la langue de votre choix.


Au Yémen, l'école sous une tente, sans manuels ni salles de classe.

Lahj (AFP) - Sous une tente déchirée, qui les protège à peine du soleil de plomb et de l'humidité du sud du Yémen, plus d'une centaine d'enfants suivent un cours de grammaire, chanceux d'avoir accès à l'éducation dans un pays mis à genoux par des années de guerre.

Dans ce pays où les rebelles houthis contrôlent de vastes territoires, quelque 3.000 écoles ont été détruites et plus de 4,5 millions d'enfants, soit environ un quart des jeunes en âge d’être scolarisés, sont toujours privés d'éducation, selon l'Unicef.  

Pour ceux qui y ont accès, les conditions sont souvent difficiles, avec des bâtiments détruits, des coupures d'électricité, un manque d'eau potable et des pénuries de matériel et d'enseignants qualifiés.

Dans une école proche d'Aden, grande ville du sud contrôlée par le gouvernement reconnu par l'ONU, des enfants s'entassent sous une tente installée dans la cour de l'établissement. 

Un peu plus loin, Souad Saleh, institutrice formée sur le tas, enseigne dans un préfabriqué. 

Elle explique à l'AFP que chaque classe compte plus de 100 élèves et que "la plupart ne savent ni lire, ni écrire".

Sa salle est tellement bondée que de nombreux élèves sont assis à même le sol, leur livre sur les genoux.

La guerre a éclaté en 2014 quand les rebelles houthis ont pris la capitale Sanaa, qu'ils contrôlent toujours aujourd'hui.

L'Arabie saoudite voisine est intervenue en 2015 à la tête d'une coalition pour appuyer militairement le gouvernement face à ces rebelles soutenus par Téhéran, sans parvenir à les déloger de la capitale ou d'autres de leurs bastions.

Si une trêve tient globalement depuis 2022, le conflit, qui a fait des centaines de milliers de morts selon l'ONU, a dévasté les infrastructures du pays et l'a plongé dans une grave crise humanitaire.

Près des deux tiers des habitants dépendent de l'aide humanitaire. 

- "Salaire dérisoire" -

Des biscuits à haute teneur nutritionnelle fournis par l'ONU pour calmer la faim des écoliers sont distribués chaque matin dans l'établissement où enseigne Mme Saleh.

"Les principaux problèmes sont l'absence de salles de classe adaptées, presque pas d'électricité, ni d'eau courante", énumère le directeur adjoint, Mohammed Al-Mardahi.

Les enseignants ont fait grève pendant des mois, revendiquant en vain des hausses de salaire et de meilleures conditions de travail. Beaucoup ont quitté la profession.

"Nous travaillons pour un salaire dérisoire, 50.000 rials yéménites (par mois, 31 dollars), que peut-on faire avec ça?", interroge Mme Saleh. 

Les écoles situées dans les zones contrôlées par les Houthis font face à des difficultés similaires, les enseignants n'étant souvent pas rémunérés et de nombreux établissements manquant de ressources de base.

La multitude de groupes armés et de forces militaires au Yémen a "détruit et endommagé des milliers d'écoles par des frappes aériennes et des combats au sol (...) et en a même utilisé certaines comme lieux de recrutement d'enfants", indique le Sanaa Center for Strategic Studies dans un rapport publié en février.

- "Désastre" -

Ces dernières années, l'Arabie saoudite, en recherche de stabilité régionale pour mener à bien ses réformes économiques, a massivement investi dans des programmes de développement, notamment en matière d'éducation, selon le Programme saoudien pour le développement et la reconstruction du Yémen.

Destinés aux zones contrôlées par le gouvernement, ces fonds y ont financé la reconstruction de plus de 30 écoles et la formation de plus de 150 enseignantes, selon cette source.

Les salles de classe de ces écoles offrent un contraste saisissant avec celles des autres établissements publics: bureaux neufs, tableaux blancs, ventilateurs et élèves vêtus d'uniformes impeccables.

A Aden, l'école al-Haram al-Jamii, financée par l'Arabie saoudite, accueille les enfants de milliers de familles déplacées, selon sa directrice Fathiya Al-Afifi.

"Les élèves de ce quartier devaient autrefois parcourir de longues distances pour aller à l'école", explique-t-elle à l'AFP.

L'analyste Omar Karim, spécialiste de la politique saoudienne à l'université britannique de Birmingham, en Grande-Bretagne, relève un changement d'approche de Ryad au Yémen. 

Auparavant, "l'aide allait principalement aux chefs tribaux pour accroître l'influence politique, ou à des responsables gouvernementaux pour les mêmes raisons, voire pour acheter des armes", déclare-t-il à l'AFP.

Ce soutien ne suffit cependant pas à couvrir les énormes besoins du système éducatif, dont la destruction a été une "catastrophe" pour Mme Afifi.

"Une génération entière ne sait ni lire ni écrire. C'est un désastre", dit-elle.

This article was published Tuesday, 18 November, 2025 by AFP (696 words)
Article complet réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'article, choisissez un abonnement
Des garçons suivent un cours sous une tente déchirée dans une école de Lahj, une ville du sud du Yémen, le 22 octobre 2025 - Saleh Al-OBEIDI (AFP)

Des garçons suivent un cours sous une tente déchirée dans une école de Lahj, une ville du sud du Yémen, le 22 octobre 2025 - Saleh Al-OBEIDI (AFP)


Plus d'articles