A la gendarmerie de Vannes, un chien pour aider à recueillir la parole des jeunes victimes
A la gendarmerie de Vannes, un chien pour aider à recueillir la parole des jeunes victimes.
Vannes (AFP) - Depuis un an, la chienne Rumba a pris ses quartiers à la gendarmerie de Vannes où elle accompagne les mineurs victimes de violences intrafamiliales ou sexuelles lors de leurs auditions, une première en France.
Des posters de Harry Potter, des peluches et dans un coin, le coussin de Rumba avec sa balle : le bureau de Muriel Gallard, cheffe de la cellule de protection des familles, détonne. Tout comme l'ensemble du service où sont auditionnés des enfants "pour des faits graves, des violences intrafamiliales ou à caractère sexuel", indique l'adjudante à l'AFP.
L'exercice est délicat à la fois pour l'enfant, "il ne nous connaît pas, ne connaît pas les lieux et doit nous parler de la chose la plus terrible qui lui soit arrivée", mais aussi pour l'enquêteur car ce dernier doit "très rapidement établir un lien de confiance pour amener l'enfant à se confier", explique-t-elle.
Quand Muriel Gallard découvre l'existence de chiens d'assistance judiciaire pour accompagner des victimes mineures dans des tribunaux, elle décide de faire de même dès le début de l'enquête.
Depuis novembre 2022, la Golden Retriever "a accompagné plus de 150 personnes lors de leurs dépositions, parmi eux 102 enfants", comptabilise l'adjudante.
Ce jour-là, deux fillettes de huit et neuf ans, accompagnées de leur père, viennent à la gendarmerie. Ils sont accueillis dès le portail par Rumba, vêtue de sa cape bleue de travail.
La chienne de trois ans les suit dans la salle d'accueil et s'installe avec les petites filles sur un canapé, l'occasion de quelques caresses et d'une mise en confiance avant leurs auditions.
"C'est une bonne méthode, ça rassure les enfants", salue le père, qui raconte que ses filles étaient inquiètes à l'idée de parler à des gendarmes. Pour les tranquilliser, il leur a montré des photos de Rumba, qui s'affiche sur les réseaux sociaux. Elles sont venues "avec l'envie de rencontrer la chienne", poursuit-il.
"Ce sont des interactions libres, tout ce que je demande à la chienne c’est de rester à côté de la victime", complète Muriel Gallard.
Rumba donne accès à des enfants qui, sans l'animal, ne seraient pas venus à l'audition et a aussi permis, dans des cas de "réels blocages (...), à l’enfant de trouver en lui les ressources nécessaires" pour raconter son histoire, assure l'enquêtrice.
Le canidé apporte aussi du réconfort au parent, comme en témoigne la mère d'un petit garçon de quatre ans auditionné quelques jours plus tôt. "J’étais très émue et Rumba a posé sa tête sur mes genoux, je l’ai caressée, ça m’a fait du bien", confie-t-elle.
Démocratiser la présence de tels chiens, en s'inspirant d'initiatives pionnières aux Etats-Unis, ne se fait pas du jour au lendemain. Concernant les tribunaux, 21 chiens sont actuellement en exercice, avec l'objectif d'en déployer 20 supplémentaires par an.
Accédez à l'intégralité de l'article, choisissez un abonnement

Brigitte Macron et Eric Dupond-Moretti entourent un Golden Retriever dressé comme chien d'assistance juridique aux victimes mineures au palais de justice d'Orléans, le 20 décembre 2022 © AFP/Archives JEAN-FRANCOIS MONIER