Côte d'Ivoire : la première maison de retraite attend toujours des résidents
Côte d'Ivoire : la première maison de retraite attend toujours des résidents.
Abidjan (AFP) - La première maison de retraite de Côte d'Ivoire a ouvert ses portes en septembre : l'établissement privé ne compte pour l'instant aucun résident et suscite des réticences dans un pays où l'accompagnement des personnes âgées se fait traditionnellement dans les familles.
Située en périphérie d'Abidjan, à Bingerville, cette maison rénovée, spacieuse, équipée de sept lits adaptés et d'un personnel formé à la gériatrie, attend toujours ses futurs locataires.
"Plusieurs personnes intéressées m'ont appelée, parfois des personnes âgées elles-mêmes", assure Nina Zougo, fondatrice de cet établissement pionnier. Mais personne n'a encore sauté le pas pour y séjourner.
"Il faut dire qu'en Côte d'Ivoire, l'idée d'une maison de retraite n'est pas adoptée par tous", abonde Arlette Monney, l'une de ses associées.
Qui s'occupe alors des personnes âgées ? "Dans 80% des cas, ce sont des membres de la famille", dans d'autres "c'est le voisinage", répond le sociologue ivoirien spécialiste du vieillissement, Arnaud Dayoro.
Une solidarité "mécanique", selon l'universitaire, dans un pays où, comme ailleurs en Afrique, le respect des aînés est une base fondamentale des rapports sociaux.
En Côte d'Ivoire, un "aidant" - une personne qui assiste un proche en perte d'autonomie -, "c'est la petite dernière qui n'est pas allée au bout de ses études, l'aînée de la famille qui n'a pas d'argent ou d'époux", explique la fondatrice de la maison de retraite, Nina Zougo.
"Ils n'ont plus de vie. Souvent, les gens prient pour que la personne décède, parce qu'ils sont fatigués", poursuit-elle.
Mais des cohabitations fonctionnent. Henriette Bian, 74 ans, est fatiguée et n'a "plus de force" physique. Elle vit avec une de ses filles et reçoit la visite régulière de membres de sa famille.
"Avec les petits-enfants on joue, on s'amuse", confie-t-elle. Ils lui apportent "de la joie" et elle leur apprend des mots en yacouba, la langue de son ethnie.
Victoire Gondo, une de ses filles qui l'aide régulièrement, est "heureuse" de s'être "rapprochée" de sa mère et profite de ses conseils pour "avancer dans la vie".
Accédez à l'intégralité de l'article, choisissez un abonnement

Une femme âgée dans une rue à Abidjan, le 8 novembre 2023 en Côte d'Ivoire © AFP Issouf SANOGO