"Mon mec est trop jaloux" : les jeunes pas à l'abri de l'emprise dans le couple


"Mon mec est trop jaloux" : les jeunes pas à l'abri de l'emprise dans le couple.

Paris (AFP) - "Mon mec est trop jaloux, il ne veut plus que je voie mes potes". De nombreux couples jeunes, voire adolescents, sont déjà le lieu de pressions psychologiques et d'emprise, une violence invisible sur laquelle alertent des associations.

De nombreuses jeunes filles sont victimes de phénomènes d'emprise ou de contrôle... sans mettre des mots dessus, estime l'association féministe En avant toutes, qui répond aux ados par tchat sur son site commentonsaime.fr.

Elle a lancé une campagne intitulée "Ceci n'est pas un message d'amour", pour mettre en garde les jeunes contre les violences psychologiques dans le couple.

"Elles disent mon mec est trop jaloux, il ne veut plus que je voie mes potes, il a les mots de passe de ses comptes", décrit Ynaée Benaben, directrice générale de En Avant Toutes.

A l'ère du numérique, l'emprise peut s'exercer à distance, jour et nuit, selon un autre témoignage cité par la responsable : "Il habite à 100 kilomètres, mais il demande qu'elle lui envoie des textos quand elle sort et rentre, des photos pour voir comment elle est habillée."

"Il veut me géolocaliser, il dit que c'est normal pour me protéger", confie aussi Lola (pseudo) sur ce tchat.

Selon un baromètre publié par les Apprentis d'Auteuil en septembre sur la vie affective des jeunes, 25% des 16-20 ans interrogés pensaient qu'on "peut regarder les messages et applications mobiles" de son partenaire sans son autorisation.

Pour la moitié d'entre eux, la jalousie était "une preuve damour".

Les jeunes femmes "ont du mal à identifier ces comportements comme des violences, la possessivité est interprétée comme un signe que l'autre se soucie d'elles", estime la psychologue Sonia Pino, fondatrice de l'association de lutte contre les violences conjugales Elle's imagine'nt.

Les pressions prennent parfois la forme d'humiliations, de dénigrement, d'un chantage au suicide. Pour les associations, cela prépare le terrain aux violences physiques et sexuelles en isolant la victime, en minant sa confiance en elle et sa capacité à réagir.

Selon l'Ined (Institut national d'études démographiques), les hommes déclarent peu de violences (1 à 3%) en couple et seulement psychologiques, alors que 10% des femmes déclarent des violences, plus fréquentes et accompagnées de violences physiques et sexuelles.

Or les jeunes filles ont du mal à se réaliser victimes : elles associent les violences conjugales aux femmes plus âgées avec un oeil au beurre noir qu'elles voient sur les affiches, selon Ynaée Benaben.

"Les jeunes ont moins de points de comparaison que les plus âgés pour voir ce qui n'est pas normal. Ils pensent que l'autre peut changer", explique la psychologue Sonia Pino.

Les associations travaillent à sensibiliser les jeunes aux dérives possibles et les aider. En Avant Toutes fait de la prévention dans les classes, depuis l'école jusqu'aux universités.

This article was published Tuesday, 26 December, 2023 by AFP
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De nombreuses jeunes filles sont victimes de phénomènes d'emprise ou de contrôle... sans mettre des mots dessus, selon une association féministe © AFP/Archives LUDOVIC MARIN


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