La sardine en boîte mise à mal par le changement climatique


La sardine en boîte mise à mal par le changement climatique.

On la trouve dans tous les placards de cuisine. La sardine en boîte serait-elle la prochaine victime du réchauffement climatique ? Sa taille réduite et sa moindre abondance mettent au défi les conserveries bretonnes. 

"La difficulté d'un poisson petit, c'est que ça a un impact immédiat sur notre productivité", décrit Caroline Hilliet Le Branchu, PDG de la Belle-Iloise. "Il faut plus de temps pour fabriquer une boîte."

L'an dernier, la célèbre conserverie de Quiberon (Morbihan), qui ne travaille que du poisson frais, n'a ainsi pas pu fabriquer suffisamment de boîtes pour satisfaire l'appétit de ses clients. 

Résultat : "jusqu'à mi-juillet, il y a quelques références qui vont être en rupture", explique la dirigeante.

La faute à une pêche particulièrement calamiteuse en 2024 sur les côtes bretonnes. Mais le phénomène le plus étonnant reste la réduction de la taille, et donc du poids, de la sardine, qui s'est réduit de 50% en 15 ans, à âge égal, selon l'Ifremer. 

Or, une sardine plus petite, "quand on travaille à la main, à la fois pour l'étripage et la mise en boîte, c'est deux fois plus de main d’œuvre", a souligné Jean-François Feillet, directeur qualité-sécurité-environnement de la conserverie Chancerelle, lors d'un colloque à Brest.

Déjà observé chez la sardine de Méditerranée, dont la pêcherie s'est effondrée dans les années 2000-2010, cette diminution de taille serait due au réchauffement climatique, qui affecte le zooplancton dont se nourrissent les poissons. 

Au sein du zooplancton, les scientifiques ont ainsi observé une augmentation de la proportion de petits copépodes (des petits crustacés) tandis que celle des gros a diminué.

La sardine doit ainsi déployer plus d'efforts pour se nourrir de petites proies, de moins bonne qualité, dans un océan plus chaud et moins oxygéné, ce qui lui réclame des besoins énergétiques plus élevés.

"Généralement, quand on a une augmentation de la température dans les écosystèmes, ça va avec des tailles d'organismes plus petites", résume Martin Huret, chercheur en halieutique à l'Ifremer.

Cette tendance, liée au réchauffement climatique, "est partie pour durer", ajoute Mathieu Doray, lui aussi chercheur à l'Ifremer : "ce qu'on anticipe, au mieux, c'est une stabilisation de la taille et du poids."

A ce problème de taille, s'ajoute celui d'une ressource en berne. Longtemps surpêchée, la sardine du golfe de Gascogne a vu sa biomasse divisée par près de trois en 20 ans. Elle évolue désormais tout près du niveau "limite", sous lequel un stock de poissons est considéré comme "effondré", selon les estimations scientifiques.

This article was published Saturday, 26 April, 2025 by AFP
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Des boîtes de sardines de la marque Connétable à la conserverie Chancerelle de Douarnenez, dans le Finistère, le 17 avril 2025

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