La famille, l'école et internet, "incubateurs" du sexisme, selon le HCE
La famille, l'école et internet, "incubateurs" du sexisme, selon le HCE.
Paris (AFP) - La famille, l'école et internet sont trois "incubateurs" du sexisme qui "perdure", voire s'aggrave notamment chez les jeunes hommes, estime le Haut Conseil à l'Egalité, qui appelle à réguler les stéréotypes sur le web.
A quelques jours de la première Journée nationale contre le sexisme, jeudi, annoncée l'année dernière par le président Emmanuel Macron, l'instance indépendante chargée de conseiller le gouvernement publie lundi son rapport annuel, intitulé "s'attaquer aux racines du sexisme".
Neuf femmes sur dix déclarent avoir personnellement subi une situation sexiste, selon une enquête réalisée en novembre 2023 pour le HCE auprès d'un échantillon représentatif de 3.500 personnes de 15 ans et plus.
"Le sexisme commence à la maison, continue à l'école et explose en ligne", déclare à l'AFP sa présidente, Sylvie Pierre-Brossolette.
70% des femmes estiment ne pas avoir reçu le même traitement que leurs frères dans la vie de famille et 38% ont vécu une inégalité de traitement à l'école.
Les jeunes gens sont parfois plus sexistes que leurs aînés. Ainsi 28% des hommes de 25-34 ans pensent que "les hommes sont davantage faits pour être patrons", bien plus que les hommes d'autres classes d'âge (9% des 50-64 ans). 59% des 25-34 ans pensent qu'il n'est "plus possible de séduire une fille sans être vu comme sexiste" ou 52% qu'on "s'acharne sur les hommes".
"Plus l'engagement en faveur de femmes s'exprime dans le débat public, plus la résistance s'organise. Les réflexes masculinistes et comportements machistes s'ancrent en particulier chez les jeunes hommes adultes, pendant que l'assignation des femmes à la sphère domestique regagne du terrain", déplore le HCE.
Le HCE s'inquiète des tendances #TradWife (femme traditionnelle) et #StayAtHomeGirlfriend (copine au foyer) sur TikTok où des vidéos montrent le quotidien, dans des intérieurs impeccables, de jeunes femmes sans travail et sans enfant, dévouées à leur copain.
Pour le HCE, les stéréotypes persistent parce que le "virus du sexisme" est "inoculé dès le plus jeune âge dans les trois incubateurs les plus puissants de la société : la famille, l'école et le numérique".
"L’école reproduit ces schémas, avec des conséquences directes sur l’orientation : 74% des femmes n’ont jamais envisagé de carrière scientifiques ou techniques", affirme Mme Pierre-Brossolette.
"Les vidéos pornographiques diffusent des contenus misogynes d’une rare violence que deux tiers des hommes de 25-34 ans disent imiter dans leurs relations sexuelles", poursuit-elle.
Selon le HCE, les violences sexuelles restent à un niveau "alarmant" : 37% des femmes interrogées disent avoir subi au moins une "situation de non consentement" (et même la moitié des 25-34 ans).
"Cela rend la lutte contre le sexisme encore plus nécessaire et urgente. On ne peut lutter contre les violences sans s'attaquer aux racines du mal, sinon c'est le tonneau des Danaïdes", affirme Mme Pierre-Brossolette.
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La famille, l'école et internet sont trois "incubateurs" du sexisme qui "perdure", voire s'aggrave, selon le Haut Conseil à l'Egalité © AFP/Archives ALAIN JOCARD