Ecoles délabrées, classes surpeuplées : sur l'éducation, l'Irak mauvais élève
Ecoles délabrées, classes surpeuplées : sur l'éducation, l'Irak mauvais élève.
Bani Saad (Irak) (AFP) - Dans une classe délabrée, les écoliers d'un village du centre de l'Irak suivent la leçon entassés à plusieurs sur leurs pupitres, illustrant une déliquescence du secteur éducatif pesant sur l'avenir des jeunes générations.
"Quand il pleut, on ne donne pas cours : l'eau s'infiltre par le toit", confie à l'AFP Oudaï Abdallah, proviseur de l'école primaire du hameau d'al-Aïtha, dans la région de Bani Saad.
"Nous avons peur que le plafond ne s'effondre sur les enfants", justifie-t-il, en référence aux poutres de bois retenant des rameaux tressés, d'où pendent une ampoule et un ventilateur.
Dans l'établissement public, pas de chauffage dans les classes. Pour protéger du froid, les vitres cassées sont remplacées par des planches de bois ou de carton. Les toilettes sont dans la cour, à ciel ouvert. "Les 200 élèves se partagent un seul lavabo", reconnaît le directeur.
Cette école, dans la province de Diyala, est loin d'être une exception. Dans un Irak riche en pétrole mais miné par des décennies de conflits, une corruption endémique et des politiques publiques défaillantes, une école sur deux doit être réhabilitée, selon l'Unicef.
Les écoles de terre cuite pullulent dans les régions reculées, quand elles n'ont pas été remplacées par de modestes structures en préfabriqués.
Dans un pays se targuant d'avoir eu autrefois un des meilleurs systèmes éducatifs du Moyen-Orient, les écoles dépassées par les effectifs répartissent l'enseignement en plusieurs rotations, des élèves ayant cours uniquement le matin et d'autres l'après-midi.
Même le ministère de l'Education reconnaît que l'Irak a besoin de 8.000 nouvelles écoles. Des centaines d'établissements sont en construction.
Citant "violences, dommages infligés aux infrastructures et déplacements massifs" de population, l'Unicef reconnaît que les années de conflits "ont affaibli les capacités du gouvernement irakien à fournir des services éducatifs de qualité pour tous".
Si la Banque mondiale salue une stratégie nationale du gouvernement ambitionnant d'augmenter de 10% à 16% la part du budget allouée à l'éducation, elle juge cette mesure "en-deça du nécessaire pour répondre aux besoins importants du pays en capital humain".
Outre les investissements dans les infrastructures, l'institution préconise des réformes dans le domaine afin "d'améliorer le capital humain" et équiper "les jeunes des compétences nécessaires aux emplois d'aujourd'hui et de demain".
Car les "lacunes" du secteur ont entraîné "un chômage élevé des jeunes, une importante inadéquation des compétences et une faible participation au marché du travail -- tout ce qui entrave la croissance économique de l'Irak".
Sur les 43 millions d'Irakiens, 60% ont moins de 25 ans, selon l'ONU. Le pays compte quelque 12 millions d'écoliers, en majorité au primaire, selon le porte-parole du ministère de l'Education Karim al-Sayyed.
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Des élèves suivent un cours dans une salle de classe d'une école située dans le centre de l'Irak, le 10 mars 2024 © AFP AHMAD AL-RUBAYE