Climat : TotalEnergies au tribunal pour s'expliquer, une première en Belgique
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Climat : TotalEnergies au tribunal pour s'expliquer, une première en Belgique.
Bruxelles (AFP) - Un agriculteur belge soutenu par trois ONG attaque TotalEnergies mercredi devant la justice civile en Belgique, pour faire reconnaître la responsabilité du géant pétrolier français dans les pertes agricoles liées à la multiplication des événements météorologiques extrêmes.
"Nous avons énormément d'arguments pour que la justice fasse plier TotalEnergies", assure l'agriculteur plaignant, Hugues Falys, dans un entretien avec l'AFP.
Selon lui, dès lors que les pertes d'un exploitant peuvent être objectivées, et la responsabilité climatique de TotalEnergies démontrée, alors la voie est ouverte pour contraindre l'entreprise à cesser ses investissements dans les énergies fossiles et à se tourner pour de bon vers les renouvelables.
Si les pouvoirs publics belges ont déjà dû répondre devant les tribunaux de leurs actions insuffisantes face au dérèglement climatique, c'est la première fois dans le pays qu'un contentieux "climat" cible une entreprise du secteur pétrolier.
TotalEnergies, qui conteste sa mise en cause, a été assigné en 2024 devant le tribunal de l'entreprise de Tournai (ouest), où démarre mercredi matin la phase des plaidoiries, prévue sur un mois à raison d'une audience par semaine.
A l'origine de la procédure, Hugues Falys, qui est aussi porte-parole du syndicat agricole Fugea, dit avoir vécu entre 2016 et 2020 dans son exploitation du Hainaut (ouest) quatre épisodes extrêmes : un violent orage qui a détruit ses cultures de fraises et de pommes de terre, puis trois séquences de sécheresse aux graves conséquences pour son activité d'éleveur bovin.
"Ces sécheresses ont diminué considérablement la production de fourrages. Il a fallu diminuer le cheptel avec des conséquences en terme de revenus", raconte ce pionnier de l'agriculture durable, attaché au principe d'"autonomie fourragère" consistant à produire la nourriture de son bétail plutôt que de l'importer.
Les deux objectifs du procès sont "la réparation et la transformation", fait valoir la Ligue des droits humains (LDH) de Belgique, qui soutient M. Falys aux côtés de Greenpeace et de l'organisation FIAN, qui défend l'accès pour tous à une alimentation de qualité.
Ces ONG réclament "l'arrêt immédiat" des investissements de TotalEnergies dans de nouveaux projets liés au gaz et au pétrole à travers le monde.
Pourquoi cibler TotalEnergies plutôt qu'une autre firme pétrolière active en Belgique ?
Le groupe français est "le premier affineur et distributeur" de produits pétroliers dans le pays, selon Céline Romainville de la LDH, qui pointe sa responsabilité "majeure et indéniable" dans les émissions polluantes.
De son côté, la multinationale a regretté une action "pas légitime", car reprochant selon elle à "une seule entreprise, qui ne pèse qu'un peu moins de 2% du secteur pétrolier et gazier", le fonctionnement de tout le système énergétique mondial depuis plus de 100 ans.
Le géant français a déjà été mis en cause dans des procès climatiques, accusé notamment d'avoir dissimulé pour des raisons économiques sa connaissance de l'impact de son activité sur l'environnement.
Le procès à Tournai doit s'ouvrir à 09H00 (08H00 GMT) et la parole sera donnée aux plaignants tout au long de la première journée.
La plaidoirie des avocats de TotalEnergies est prévue le 26 novembre, avant deux autres audiences de débat contradictoire début décembre.
Le jugement, qui sera susceptible d'appel, n'est pas attendu avant début 2026.
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Un agriculteur belge soutenu par trois ONG attaque TotalEnergies devant la justice civile en Belgique, pour faire reconnaître la responsabilité du géant pétrolier français dans les pertes agricoles liées à la multiplication des événements météorologiques extrêmes - Alain JOCARD (AFP)