Bolivie : l'artisanat de prisonniers vendus sur un marché par leurs épouses


Bolivie : l'artisanat de prisonniers vendus sur un marché par leurs épouses.

La Paz (AFP) - Dans une prison de La Paz, Julio fabrique des voitures miniatures en métal que son épouse vend dans la plus grande foire artisanale de Bolivie, une opportunité offerte à des milliers de prisonniers pour atténuer la précarité de leurs foyers familiaux durant leur détention.

Dans l'atelier de la prison en plein centre-ville, Julio, 59 ans, aplatit des boites de lait en métal, matière première que sa femme lui a apportée avec l'accord de l'administration pénitentiaire, tandis que des co-détenus sculptent des pièces de bois ou fabriquent des motos ou maisons miniatures.

Ce père de quatre enfants se dit "heureux" que le fruit de son "passe-temps" sorte des murs de la prison car il met "beaucoup d'application" dans ses réalisations que son épouse vend sur le grand marché "Alasita" de La Paz.

Alasita signifie "achète-moi" en langue aymara et vénère l'Ekeko, la divinité indigène de l'abondance.

Dans ce marché, inscrit au patrimoine immatériel de l'humanité en 2017, se vendent toutes sortes d'objets en miniature (vélos, motos, voitures ou encore maisons) que, selon la croyance, leurs acheteurs posséderont un jour en taille réelle.

Il s'est ouvert le 24 janvier pour trois semaines, et existe également en Argentine vivent quelque 340.000 Boliviens.

Pour sa première foire Alasita, Julio a construit 120 voitures et camions miniatures, vendus entre 10 et 30 dollars.

Un autre détenu, David, fabrique lui des répliques de motos en bois.

Il dit ressentir "comme une sorte de liberté" à être "occupé à faire quelque chose". Le jeune homme de 29 ans assure qu'Alasita lui permet aussi "de gagner un peu d'argent" pour sa famille.

Et lorsqu'il retrouvera sa liberté, David dit qu'il poursuivra ce métier de menuisier appris derrière les barreaux : "J'aime l'art du travail du bois et les miniatures", assure-t-il, disant être "fier" de son travail qui lui fait oublier les conditions de détention.

Car la prison de San Pedro, la deuxième la plus surpeuplée de Bolivie après celle de Palmasola, à Santa Cruz (centre), construite dans les années 1990 pour accueillir 400 détenus, en compte aujourd'hui quelque 3.800.

Julio, qui évite d'évoquer les raisons de son placement en préventive depuis plus d'un an, ne sait pas quand il sera jugé, bien que la loi limite la détention provisoire à six mois maximum.

Seuls 34% des 24.824 prisonniers boliviens ont été jugés, selon le bureau du médiateur, qui estime la surpopulation carcérale à 168%.

This article was published Saturday, 3 February, 2024 by AFP
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Un prisonnier de la prison de San Pedro fabrique des voitures en métal qui seront vendues sur un marché de La Paz, le 18 janvier 2024 en Bolivie © AFP Jorge BERNAL


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